Ligue des champions : à qui profite la réforme ?
Depuis sa première réforme en 1991, on n’en finit pas de réinventer la Ligue des Champions. Et ce toujours dans le même but, favoriser les autoproclamés grands clubs, ceux des quatre pays majeurs du football européen : l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, auxquels on ajoute volontiers la France qui en dépit d’un palmarès de clubs plutôt famélique (deux titres seulement en soixante ans…), représente une manne financière importante en matière de droits TV.
La toute dernière réforme annoncée en février 2021 va dans le sens de l’histoire, si tant est que l’histoire soit désormais écrite par les pouvoirs financiers. L’UEFA annonce à l’horizon 2024 la fin des poules de quatre au premier tour. Celui-ci sera désormais un championnat de 36 équipes où chacune d’elle jouerait dix rencontres, dont cinq à domicile, contre dix adversaires différents.
À l’issue de ces dix rencontres, un classement sera établi où les huit premières équipes auront acquis leur participation pour les huitièmes de finale, tandis que les seize suivants (du 9e au 24e donc) s’affronteront en barrage pour obtenir leur qualification.
Autant dire qu’en termes de lisibilité, on a déjà fait beaucoup mieux. Mais l’intérêt n’est pas là. La formule permet d’augmenter le nombre de matchs : 180 rencontres au lieu des 48 actuels. L’important, c’est « diffuser du foot » et permettre de vendre un peu plus de droits TV, même si de nombreux matchs auront mécaniquement un intérêt plus relatif. Cette formule de championnat favorise indéniablement les meilleures équipes qui ont moins de chances de se faire surprendre sur 10 matchs que sur 6. D’autant qu’un système de tête de série évitera aux grands clubs de s’opposer trop vite.
La stratégie de l’UEFA est surtout de couper l’herbe sous les pieds d’un projet de ligue fermée, autonome et détachée des instances traditionnelles, que brandissent régulièrement une poignée de grands clubs désireux de gérer eux-mêmes le magot des droits TV. On doute que cette stratégie ne conduise pas malgré tout à terme à une scission. À quand la prochaine réforme ?
À propos de l'auteur, Richard Coudrais
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