Washington - Riyad : les relations diplomatiques en berne
Il s’agit là d’une démarche destinée à opérationnaliser les ambitions du nouveau président américain de rééquilibrer les relations diplomatiques avec cet allié et de redistribuer les cartes de la géopolitique au Moyen-Orient.
Le document publié n’est pas nouveau selon le service des renseignements américains. Il s’agit juste de l’extrait d’un rapport de la CIA datant de six semaines seulement après l’assassinat du journaliste, mais resté jusque-là classifié. Ce document désigne le prince héritier comme impliqué dans l’évènement d’Istanbul. « Nous estimons qu’il a approuvé une opération à Istanbul, en Turquie, pour capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi », peut-on lire dans ce rapport de la CIA qui se fonde sur « [l’] évaluation du contrôle du prince héritier sur la prise de décision dans le royaume depuis 2017 ». Aussi, « l’implication d’un conseiller clé et des membres du service de protection de Mohammed Ben Salman dans l’opération et le soutien du prince héritier au recours à des mesures violentes pour faire taire les dissidents à l’étranger, y compris [Jamal] Khashoggi » constituent des éléments qui ont permis aux rédacteurs du rapport de tirer cette conclusion. Enfin, « Le prince héritier considérait Khashoggi comme une menace pour le royaume et plus largement soutenait le recours à des mesures violentes si nécessaire pour le faire taire », relevait clairement ce rapport que le Président Donald Trump avait, tout de même préférer mettre dans les tiroirs.
Vers une redéfinition des liens diplomatiques entre Washington et Riyad
Sous l’administration Trump, l’Arabie Saoudite était un allié de taille pour Washington. D’ailleurs, les relations entre le royaume et les États-Unis avaient été renforcées depuis les attentats du 11 septembre 2011 faisant ainsi de l’Arabie saoudite un partenaire économiquement et stratégiquement indispensable pour les États-Unis. Joe Biden entend, visiblement revoir les termes de cette relation diplomatique avec Riyad. La veille de la publication du rapport qui fait l’actualité, le président américain s’est entretenu au téléphone avec le roi Salman d’Arabie Saoudite sans évoquer le rapport de la CIA dont il autorisera la publication, le lendemain. Selon des sources diplomatiques, Washington avait, tout de même dépêché à Riyad, Tim Lenderking son émissaire pour le Yémen afin de préparer le royaume à la publication du rapport mettant en cause le rôle du prince héritier dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Que recherchent les États-Unis ?
Il n’y a point de doute. Le gouvernement américain cherche à relativiser l’importance de l’Arabie Saoudide pour les États-Unis. Jusque-là, Washington avait surtout besoin du pétrole saoudien. Mais avec le développement des énergies non conventionnelles, dont le gaz de schiste, les États-Unis sont arrivés à une étape où ils peuvent bien se passer du pétrole saoudien. De plus, les États-Unis essayent de relativiser le rôle de puissance dominatrice de l’Arabie Saoudide dans le Golfe en se rapprochant plus d’un pays comme les Émirats arabes unis.
Par ailleurs, on peut analyser que la nouvelle politique américaine vise également à affaiblir Mohammed Ben Salman, le prince héritier dont la méthode de gouvernance est jugée brutale et autoritaire par la communauté internationale.
À propos de l'auteur, Christophe Lobby AGBODJI
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